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Une pastorale dans l'enseignement spécialisé Tout dépend d'une école à l'autre, d'une classe à l'autre, en fonction du handicap ou des problèmes scolaires des enfants ou des jeunes. En tout cas dans le primaire, une pastorale se vit au quotidien, surtout pendant les temps forts de l'année liturgique. Cette animation tient souvent compte des propositions diocésaines ; en effet, n'est-il pas souhaitable que toutes les écoles participent à une démarche semblable en suivant le même « fil rouge » ? Cette année 2005-2006 est pour tous l'année de la prière, et le CalenPrier est donc aussi utilisé dans la mesure du possible dans le spécialisé. C'est d'autant plus important pour les enfants qui passent d'un type d'enseignement à un autre ; déjà perturbés par ce changement, ils ressentiraient en plus un décalage dans la pastorale. En général, la pastorale spécialisée se vit intensément, car les difficultés de certains enfants exigent davantage un appel au vécu et au concret : la participation active de chacun(e) est indispensable. Toute l'équipe éducative est donc sollicitée. Notamment dans le cours de religion, on consacre pas mal de temps à prier, à préparer des événements ou des célébrations : de la Parole, du pardon, eucharistiques. Chaque jour comme lors des fêtes, beaucoup passe par le chant et les gestes ; plusieurs écoles ont d'ailleurs pris l'initiative d'une chorale, ne fût-ce que provisoire, qui permet aux élèves, même non lecteurs, de participer eux aussi de façon très vivante. Les célébrations et leur préparation sont des moments de bonheur qui favorisent la confiance en soi et le développement de chacun. Autant d'occasions de vivre le partage, le don de soi, tout en étant invité au « plus » de la foi. Mais cela exige de la part des enseignants le respect du plus démuni et une attention particulière à toute forme de différence, qui se manifestent par un geste de tendresse, une écoute véritable ou la gestion d'un conflit. Ne s'agit-il pas d'être soi-même Bonne Nouvelle à la suite du Christ ? Cependant, en ce qui concerne les sacrements, certaines écoles, - lorsque les enfants souffrent d'un handicap léger ou d'un simple retard dans leurs apprentissages, - renvoient systématiquement aux paroisses. Pourquoi éloigner de leur communauté des enfants qui peuvent très bien s'y intégrer ? Il arrive même que l'école organise des professions de foi dans le cadre d'une messe dominicale, et que cela soit vécu par tous de façon heureuse. Ou encore, on peut orienter un enfant souffrant de troubles comportementaux vers une prise en charge individuelle qui lui permettra, le moment venu, de se joindre aux autres enfants de sa paroisse. Mais la mission est difficile ! Elle demande à la fois du temps, de la patience et une grande capacité d'ouverture et de dialogue entre les responsables du spécialisé et la paroisse. D'autre part, certains handicaps sont tels que l'école se voit tenue d'organiser elle-même les baptêmes, les premières communions, les professions de foi, les confirmations. Les défis sont alors nombreux : dans la préparation, y a-t-il place pour un réel cheminement ? Quel contact avec la famille souvent en difficulté ? Comment s'y prendre avec un enfant autiste qui ne lit pas et ne parle pas ? Comment célébrer avec lui ? Cela a-t-il du sens, se demandent certains ; mais le don de Dieu n'est-il pas gratuit ? De toute façon, l'ingéniosité des enseignants est remarquable. Autre défi, et non des moindres : quel accueil, quel soutien peut-on espérer de la paroisse locale ? Celle-ci peut se sentir dépassée, étant donné le nombre des enfants, et que ceux-ci proviennent de toute une région. Mais dans une société qui privilégie souvent le rendement et l'utilitarisme, dans un monde, - et du même coup, une école - où la violence se banalise, comment nos communautés peuvent-elles être signes du Christ qui continue à accueillir, rassembler, pacifier et prendre soin des plus petits ? L'enjeu est de taille. L'Eglise ne peut laisser de côté et priver de ce « vivre ensemble autour de Jésus » des enfants dont la plupart sont profondément blessés. Vivre ensemble n'est déjà pas chose facile pour ces êtres écorchés par la vie, qui ont souvent du mal à s'aimer eux-mêmes et à se croire aimés. Pourtant, la réponse existe bel et bien dans ces écoles spécialisées... Etienne Gathy, conseiller pédagogique diocésain
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